Un voyage dans la Death Valley, ça vous tente ? En tout cas, si vous pensez avoir déjà trop chaud pendant les mois d’été sous les latitudes européennes, cet article n’est pas fait pour vous ! Et oui, nous vous parlons aujourd’hui du lieu le plus chaud de la planète : la Vallée de la mort !
La Vallée de la mort se situe au niveau de la frontière entre la Californie et le Nevada, bien que seule une toute petite partie du parc appartienne au Nevada. Elle se trouve dans le désert des Mojaves, et est isolée du reste de la Californie par une série de chaînes montagneuses. Le parc national de la Vallée de la mort est très étendu, d’une taille équivalente à l’Île de France, pour vous donner une idée. C’est aussi le parc national le plus étendu des Etats-Unis hors Alaska !
C’est en 1933 que la Vallée de la mort a reçu pour la première fois un statut protecteur en devenant un National monument, avant de voir la protection transformée en Parc national en 1994. La Vallée de la mort est mondialement connue, essentiellement grâce à son climat (très) aride. Cette célébrité se retrouve également à travers la fréquentation du parc, laquelle s’est élevée à 1,2 millions de visiteurs en 2015.
La Vallée de la mort de tous les records !
Les records de la Vallée de la mort
La Vallée de la mort affiche plusieurs records à son palmarès. Tout d’abord, elle détient le record mondial de chaleur avec les 56,7°C enregistrés le 13 juillet 1913 à Furnace Creek ! Et encore, il s’agit de la température de l’air sous abri, imaginez à combien le thermomètre monte en plein soleil… La température du sol atteint également des sommets dans la Death Valley, le record s’établissant à 93,9°C en 1972 ! Oui, c’est chaud !
En moyenne, la température de la Vallée de la mort dépasse les 38°C un total de 138 jours chaque année. Et oui, il ne s’agit que d’une moyenne ! Les températures peuvent également se maintenir à des niveaux impressionnants plusieurs semaines de suite, comme en 1996 quand les 49°C ont été dépassés pendant 31 jours consécutifs !!!
Dans les faits, les mois les plus agréables pour visiter la Vallée de la mort vont d’octobre à mai, ce sont les seuls mois où les moyennes maximales ne dépassent pas les 40°…
Dans tous les cas, en été comme en hiver, vous pouvez vous permettre d’oublier votre parapluie : les précipitations annuelles s’établissent autour de 50mm d’eau par an, soit l’équivalent d’une unique grosse journée de pluie en France…
La Vallée de la mort est également connue pour être l’endroit à ciel ouvert le plus profond d’Amérique. En effet, Badwater Basin, dont nous vous parlerons plus tard, se trouve 85m sous le niveau de la mer. De façon amusante, le Pic Telescope, plus haute montagne du parc avec ses 3 368m, ne se situe qu’à 25km à vol d’oiseau de Badwater Basin !
Une présence humaine peu évidente dans la Vallée de la mort…
Si le nombre de visiteurs dépasse le million chaque année, il faut signaler que la chaleur étouffante s’avère rédhibitoire pour l’habitat humain. Pas plus de 200 personnes vivent à l’année dans le parc national de la Vallée de la mort, la plupart d’entre elles étant employée par les quelques hôtels ou bien par le Parc national lui-même. La « ville » la plus grande du parc est Furnace Creek.
Les visiteurs viennent avant tout pour admirer les curiosités géologiques majeures du parc. Il est possible d’y pratiquer la randonnée, mais aussi d’en profiter en voiture, bien à l’abri de la climatisation, sur des routes bien entretenues. Les plus aventureux apprécient de conduire un 4×4 sur les pistes rocailleuses du parc de la Death Valley, ou bien en dehors de tout chemin tracé.
Néanmoins, vous l’avez certainement compris, la Vallée de la mort est un lieu particulièrement inhospitalier. Le parc déplore chaque année un ou deux décès par déshydratation de visiteurs mal-préparés. En effet, les portables ne passent pas partout, et les GPS peuvent parfois conduire les visiteurs sur des pistes hors-service depuis des décennies, où les véhicules se retrouvent coincés. Ce genre de désagréments peut entraîner un isolement de plusieurs heures voire de plusieurs jours sous une chaleur dangereuse pour quiconque n’a pas prévu assez d’eau…
Certains animaux de la Death Valley s’en sortent mieux que les humains.
La Vallée de la mort accueille de nombreuses espèces animales, plus adaptées à la chaleur que les humains… Si les lézards sont particulièrement nombreux, il est plus surprenant de tomber sur un petit poisson dans cet environnement aride. Le Death Valley Pupfish est en effet un poisson qui ne vit que dans deux sources de la Vallée de la mort. Il est donc logiquement considéré comme particulièrement menacé. Sa présence est due à un ancien lac qui remplissait la vallée pendant l’âge glaciaire et accueillait une faune très diverse, dont le Pupfish serait le dernier descendant. On le trouve notamment à Salt Creek, cette source d’eau salée dont la température peut pourtant atteindre les 47°C…
Quant à la flore locale, elle est une digne représentante de tous les autres déserts du monde. Par contre, de temps en temps, un phénomène particulier peut se produire. En effet, il peut arriver que la pluie tombe de façon un peu plus abondante que la normale pendant les mois d’hiver. Ces précipitations inhabituelles ont pour effet de faire germer les graines du sol de la Vallée de la mort, parfois enterrées depuis plusieurs années. En conséquence, il peut arriver au printemps que des millions de fleurs sortent au même moment du sol, offrant pour quelques jours un spectacle rare et fantastique… Et oui, il peut y avoir de la vie dans la Death Valley !
La Vallée de la mort, des paysages à couper le souffle !
Les curiosités géologiques de la Death Valley
Parmi les nombreuses formations géologiques d’intérêt qui parsèment la Vallée de la mort, certaines attirent particulièrement l’œil. On pense par exemple aux célèbres dunes de sable que l’on trouve à plusieurs endroits du parc. Les plus connues sont les Mesquite Sand Dunes. Elles offrent un paysage digne du Sahara que vous avez forcément déjà vu: c’est en effet ici que de nombreux films ont été tournés, notamment pour représenter la planète Tatooine dans la saga Star Wars. D’autres dunes très impressionnantes et photogéniques à souhait sont également visibles à Stovepipe Wells. Ces dernières ont la particularité d’émettre un son provoqué par le vent qui circule entre les grains de sable. Ce son est poétiquement appelé le chant des dunes !
La Vallée de la mort propose un certain nombre de canyons particulièrement remarquables. Il est possible de randonner assez facilement à travers le Golden Canyon, renommé de par l’accès qu’il offre à la Red Cathedral, une formation de roches rouges s’élevant vers le ciel. Plusieurs scènes de Star Wars ont été tournées dans ce canyon, ce qui fait de lui un pèlerinage intéressant pour les fans.
Un peu plus loin, le Rainbow Canyon tire son nom des roches rouges, grises et roses qu’il abrite. Toujours en référence à la saga interplanétaire, le Rainbow Canyon est surnommé le Star Wars Canyon. Ce canyon est aussi bien connu des amateurs d’aviation. C’est en effet entre ses pierres que les pilotes militaires américains s’entraînent à voler à basse altitude, faisant ainsi le bonheur des photographes d’aviation, nombreux dans cette zone de la Death Valley.
Le Mosaic Canyon est un petit corridor de pierre de la Vallée de la mort dont les parois semblent démesurément hautes. Sa particularité tient dans ses murs de marbre parfaitement polis par les millions d’années d’érosion. Quant à son nom, il découle des fragments de roches multicolores qui tapissent ses parois de marbre, formant ainsi une sorte de mosaïque.
Mais la grande curiosité géologique de la Vallée de la mort tient du mystique. En effet, à Racetrack Playa, des pierres de plusieurs centaines de kilos peuvent se déplacer toutes seules en laissant derrières elles de longues traînées. Comme elles n’ont jamais été observées directement en mouvement, les raisons de ces déplacements restent mystérieuses. Un vent fort associé à une fine pellicule de glace pourrait expliquer ce phénomène, tandis qu’une autre théorie propose une absence de glace mais la présence de toutes petites algues qui lubrifieraient les roches et permettraient le mouvement avec le vent.
La Death Valley, un lieu très inhospitalier
Toutes ces curiosités géologiques semblent bien attirantes, mais la Vallée de la mort sait rappeler à ses visiteurs qu’ils ne sont pas les bienvenus. Elle montre en effet des paysages torturés, inhospitaliers, où rien ne semble survivre. La Death Vallée sait rappeler d’où elle tient son nom !
Peut-être un des lieux les plus célèbres du parc national de la Vallée de la mort, Badwater Basin représente bien cette terre inhospitalière. Les rares pluies qui tombent sur la vallée créent une sorte de boue mélangée à du sel dans Badwater Basin. En séchant, cette boue forme des sortes de petites bassines de deux mètres de diamètre, créant un paysage de désolation très photogénique. C’est d’ailleurs dans Badwater Basin que se trouve l’endroit le plus bas des Etats-Unis, le niveau de la mer étant astucieusement représenté 80m au dessus du sol sur les bords de la falaise.
Tout aussi inhospitalier, le Devil’s Golf Course porte ce nom particulier parce que « seul le Diable pourrait jouer au golf sur un tel terrain ». Il s’agit également d’une zone de boue salée qui façonne des formations de boue séchée très irrégulières et peu accueillantes.
Les panoramas magnifiques de la Death Valley
Toutes ces zones de désolation sont cependant fascinantes et apportent un nemesis aux magnifiques panoramas qu’offre la Vallée de la mort. Perchés à 1 676m de haut, au niveau de Dante’s view, les visiteurs dominent une grande partie de la vallée. Il est ainsi possible de capter du regard à la fois les profondeurs de Badwater Basin (-80m) et les hauteurs du Pic du Téléscope (+3 368m). Ce panorama est un grand classique des visions de la Vallée de la mort et représente un passage obligé lors de toute visite dans la Death Valley.
L’autre panorama très visité est le Zabriskie Point. Il offre un point de vue magnifique sur un paysage érodé par le temps et les éléments. Pour avoir l’opportunité de saisir toutes les couleurs de ce grandiose paysage, les visiteurs s’y pressent au coucher du soleil.
De façon similaire, Artist’s Palette est une série de roches érodées typiques de la Death Valley et de ravines composées de métaux oxydés. Le résultat est multicolore et spectaculaire ! Ce paysage évoque ainsi la palette de couleurs qu’un peintre tiendrait entre ses mains.
La Vallée de la mort : lieu d’Histoire
Les visiteurs se déplacent entre les merveilles géologiques de la Vallée de la mort, parfois sans savoir qu’ils sont les témoins d’un condensé d’Histoire.
L’histoire de la planète résumée dans la Vallée de la mort
C’est d’abord l’histoire du monde que les visiteurs de la Vallée de la mort peuvent apercevoir. Pendant le dernier âge glaciaire, il y a « seulement » 10 000 ans, la Vallée de la mort était entièrement recouverte par un lac nommé lac Manly. Le lac s’est progressivement asséché, jusqu’à disparaître entièrement. Aujourd’hui, son héritage est visible à travers les nombreuses formations de sel qui parsèment la vallée, mais aussi grâce à Shoreline Butte. Il s’agit d’une ancienne île du lac striée de bandes horizontales formées par l’érosion et le dépôt sédimentaire sous l’action de la force des vagues. Les différentes hauteurs des bandes permettent d’avoir une idée de la baisse radicale du niveau de l’eau pendant l’assèchement du lac Manly.
L’autre grand témoin de l’histoire géologique de la planète est le cratère Ubehebe. Créé lors de l’explosion d’un ancien volcan il y a quelques petits milliers d’années, il présente des mensurations particulièrement impressionnantes : 237m de profondeur pour 800m de diamètre ! Le cratère s’ajoute ainsi à la grande diversité des formations de la Vallée de la mort.
Histoire de l’humanité dans la Death Valley
Sur une échelle beaucoup plus courte, la Vallée de la mort permet également d’apprécier une partie de l’Histoire de l’Homme. En effet, des traces de quatre cultures amérindiennes différentes ayant vécu dans la Death Valley lors des dix derniers millénaires ont été retrouvées. Les situations n’étaient cependant pas les mêmes, puisque les tout premiers humains à fouler les terres de la vallée bénéficiaient de conditions clémentes sur les bords du lac Manly. A l’inverse, les dernières cultures amérindiennes à y avoir vécu devaient survivre dans un environnement extrêmement aride.
Les preuves des passages de ces cultures amérindiennes sont visibles notamment dans le Titus Canyon. Vous pourrez apercevoir sur les parois du canyon des pétroglyphes pluri-millénaires. D’autres pétroglyphes datés entre 2 et 3 000 ans sont visibles à Mesquite Springs.
La tribu amérindienne des Timbishas réside dans la Vallée de la mort et dans ses environs depuis plus de 1 000 ans. Ses derniers membres résident toujours aujourd’hui aux alentours immédiats du parc national de la Vallée de la mort.
L’histoire récente de la Vallée de la mort
L’histoire récente est mieux connue ! En effet, lors de la ruée vers l’or en Californie en 1849, des futurs chercheurs d’or ont tenté de traverser la Vallée de la mort pour rejoindre au plus vite les gisements d’or. Incapables de trouver un col pour franchir les montagnes, ce « raccourci » les a coincés pendant des mois dans la fournaise du désert. Partis en caravane de 100 wagons, ils ont été obligés de consommer les bœufs qui tiraient leurs chariots, desquels ils ont récupéré le bois pour cuire la viande. L’endroit où ils ont campé est clairement identifié et il est possible de le visiter.
Ce sont ces colons qui auraient donné à la Death Valley ce nom de Vallée de la mort, bien qu’ils n’aient eu à déplorer que le seul décès d’une personne malade pendant leur séjour. C’est l’aridité ambiante et l’absence apparente de vie qui leur auraient inspiré ce nom, lequel a persisté jusqu’à aujourd’hui. Notons tout de même que certaines des expéditions ultérieures en route vers les mines d’or californiennes ont eu à subir des dommages humains autrement importants, et que la vallée n’a malheureusement pas usurpé son nom…
Par la suite, la Vallée de la mort a connu un boom économique important suite à la découverte de gisements de métaux. Plusieurs villes sont sorties de terre en quelques semaines avant de décliner, parfois très rapidement, lors de la fermeture des mines. A titre d’exemple, la ville de Rhyolite a été fondée en 1904 et a compté jusqu’à 8 000 habitants, 50 saloons différents et trois lignes de chemin de fer seulement quatre ans plus tard. Néanmoins, la présence de minerai et d’or dans la Vallée de la mort avait été largement surestimée. Cette confrontation à la réalité, accompagnée du tarissement des investissements financiers dans les mines suite au krach boursier de 1907, a entraîné le départ soudain de la plupart de la population. En 1910 il n’y avait plus que 675 habitants, puis le dernier habitant est décédé en 1924, faisant de facto de Rhyolite une ville fantôme ! La ville fantôme de Rhyolite est aujourd’hui un passage obligé de toute visite dans la Vallée de la mort.
Le dernier élément historique majeur de la Vallée de la mort est également lié à la ruée vers l’or. En effet, les mines avaient besoin d’être constamment alimentées en combustible. Après avoir utilisé tout le bois dans leurs environs immédiats, les entreprises ont dû élargir leurs approvisionnements. Pour ce faire, ils ont construits dès 1877 une série de fours à charbon alimentés à partir des genévriers qui poussaient aux alentours. Malgré leur fermeture après seulement deux années de production, ces fours, nommés les Wildrose Charcoal Kilns, sont toujours visitables et constituent des témoins d’une autre époque.