Opel Kadett type B caravan

Apparue fin 1965, l’Opel Kadett type B ne renie pas sa parenté étroite avec le type A. C’est dire qu’elle ne brille pas par son originalité. Sur le plan technique, elle présente un retard évident sur certaines concurrentes comme la Peugeot 204. Dans la tradition de General Motors, elle se décline d’emblée en de nombreuses variantes, proposant un large choix de carrosseries et de motorisations : berlines 2 et 4 portes, coupés, breaks 3 et 5 portes. Dans leur catégorie, les Kadett sont spacieuses et la présentation est coquette, du moins dans la finition « Luxe » : moquette, simili-cuir à profusion, allume-cigare, décor en faux bois d’un goût douteux sur le tableau de bord, baguettes chromées. Le lave-glace n’a pas de pompe électrique. C’est une sorte de « poire en caoutchouc » à pied qui l’actionne, et ça marche ! Les Kadett Rallye arborent tous les attributs extérieurs de la voiture sportive : jantes larges, instrumentation complète, volant sport, projecteurs additionnels, et même une peinture noir mat sur le capot, censée éliminer les reflets. En comparaison de la Kadett A, le type B, qui gagne 10 cm en largeur, se révèle nettement plus habitable. C’est la première Kadett à être homologuée pour 5 personnes, 3 (petits) adultes pouvant prendre place sur la banquette arrière.

J’ai conduit notre Kadett alors que mon père venait de l’acheter, en janvier 1972 (mes parents possédaient aussi une Opel Rekord 1900 type C). Au volant, la Kadett ne pouvait guère éblouir : les performances étaient modestes (du moins avec le moteur 1.1 ), et c’était fort heureux car le comportement routier était pour le moins perfectible. Le freinage sur le mouillé exigeait même un certain doigté… On trouvait alors chez d’autres constructeurs des voitures de même catégorie mais de conception plus moderne, qui offraient bien plus de plaisir de conduite. Mais les prix étaient séduisants, l’esthétique agréable, et la réputation de robustesse d’Opel achevait de séduire la clientèle. Atout supplémentaire, l’Opel Kadett était une des rares voitures de cette cylindrée à proposer une vraie transmission automatique. Depuis 1972, je n’ai jamais cessé de conduire la Kadett, de façon occasionnelle mais parfois pour de longs trajets. Aujourd’hui, mon opinion n’est plus la même. Les défauts d’autrefois sont devenus des qualités. La rusticité est devenue simplicité. On retrouve avec plaisir une voiture que l’on peut entretenir soi-même. On ne redoute pas ces pannes sournoises d’électronique qui vous laissent au bord de la route, attendant le remorquage. On se reprend à conduire en faisant attention à la mécanique, en se méfiant des pertes d’adhérence d’un train arrière sautillant, en dosant avec application son freinage (il ne faut pas s’attendre, avec les 4 petits tambours à l’efficacité des gros disques ventilés de ma XJ). Les vitesses passent en douceur, mais il vaut mieux ne pas brutaliser la boîte :  tant que l’huile n’est pas chaude je préfère bien décomposer la manoeuvre. Pour les petits gabarits, les sièges, avec dossier inclinable, sont assez confortables. Par temps froid, le chauffage est d’une efficacité remarquable. L’été, les bouches d’aération du tableau de bord diffusent de l’air prélevé directement sur l’extérieur et la voiture est bien ventilée. J’ai remplacé les ampoules traditionnelles par des ampoules à iode, de sorte que la nuit, l’éclairage est désormais suffisant, et j’ai installé des ceintures de sécurité à enrouleurs. Un petit inconvénient : la lunette arrière n’est pas dégivrante, mais ce n’était pas si fréquent à l’époque. 

Depuis juin 2018, ma Kadett est immatriculée en collection. Autant vous prévenir, avec le traitement en ligne des cartes grises, c’est le parcours du combattant, mais avec de l’obstination, on y parvient. En revanche, il est facile d’obtenir le certificat de la FFVE.

Bien qu’étant une voiture « qui roule », notre Kadett n’est pas loin de l’état « concours ». On change les bougies plus souvent que sur une voiture moderne, mais l’opération ne prend que quelques minutes. Les bougies Bosch ref WR7BC ne valent que 3.47€  HT l’unité. 

La sellerie est d’origine. Seule modification, les appuie-tête, réalisés par un artisanJ’ai confectionné des tapis rouges qui recouvrent la moquette d’origine. Le volant est resté d’origine, mais il a été gainé de cuir rouge (la boutique du tapissier)
 opel kadett caravan type B 
1er mars 2015, 43 ans révolus !

Pour les pneus, la dimension 155 x 80 x 12 est aujourd’hui une dimension de tondeuse à gazon ! Une bonne adresse,Pneucollection, qui propose de bons produits à des prix abordables.
Les petites roues de 12 pouces ont le mérite de ne pas trop empiéter sur l’habitacle. Les pneus sont modestement des 155, bien suffisants pour les 800 kg de la Kadett. La Kadett a aussi été réceptionnée pour des jantes de 13 pouces (auquel cas le rapport de pont est différent).

La Kadett est légère certes (moins de 800 Kg), et si le petit moteur fait de son mieux, il ne faut pas trop le solliciter. Sur route à 90 Km/h, il ronronne joyeusement. Sur l’autoroute, il faut savoir se modérer : au-delà de 110 Km/h, il devient excessivement bruyant (et gourmand). En ville, ou pour effectuer de courts trajets, la Kadett est l’engin idéal. Elle consomme peu, et ne coûte presque rien à l’entretien. J’ai récemment mesuré la consommation, sur un trajet routier/autoroutier de 288 km : 7,3 l/100. On trouve toutes les pièces de rechange sans difficultés sur Internet ou par le Club. Grâce au faible poids et aux pneus étroits, la direction sans assistance reste légère. Le break réserve un espace de chargement surprenant pour une aussi petite voiture.
Et la Kadett attire les regards. Ce ne sont jamais des regards d’envie ou d’hostilité, mais toujours des clins d’oeil de sympathie, des jeunes et des moins jeunes.

Blanche à l’extérieur, rouge cerise à l’intérieur, la Kadett offre une ambiance claire et gaie, totalement différente de celle des véhicules modernes, dans lesquels le noir rivalise avec le gris antrhacite.

Le système d’ouverture des vitres arrière  du modèle 2 portes a un gros avantage : il permet d »augmenter la largeur aux coudes pour les passagers d’une bonne dizaine de centimètres. Le petit inconvénient : les charnières sont collées, métal sur verre, la colle tient à peine 40 ans. C’est pourquoi j’ai dû recoller les charnières avec la colle Loctite 319 avec activateur, conçue entre autres pour coller les rétroviseurs. D’après mon expérience personnelle c’est la seule colle qui tienne à l’extérieur. Elle résise  à l’humidité, résiste aux vibrations., et aux écarts de température (il faut compenser la dilation différenciée du verre et du métal. D’autres colles sont peut-être efficaces, mais pour coller les rétroviseurs intérieurs.

L’ huile moteur: le moteur de la Kadett B est un moteur des années 60. A l’époque, on faisait la vidange tous les 5000 Km, et l’on utilisait selon la saison de l’huile « hiver » ou de l’huile « été ». Les huiles de synthèse, conçues pour les moteurs modernes, sont trop fluides et ne conviennent pas.  Une semi-synthétique 15W-50, avec une vidange tous les 5000 km comme autrefois, sera lune excellente solution. Une minérale 20W-50 imposera une vidange tous les ans quel que soit le kilométrage, mais peut aussi très bien convenir. En théorie, il faut toujours mettre de l’additif dans l’essence. En pratique, pour qui roule très occasionnellement, à condition de ne pas dépasser 2500/3000 tours de façon prolongée, on doit pouvoir s’en passer  du moins pendant un certain temps : les sièges de soupapes sont protégés par le dépôt qui s’est fait au cours des trente premières années, et qui ne va pas disparaître de si tôt. Les filtres à huile sont disponibles entre autres chez MANN, ref. W712, au prix de 3.39 HT !

Détail qui a son importance : le climat. Les hivers rigoureux que nous avons connus dans les années 60-70 semblent avoir disparu dans la plupart des régions en France. Les températures en-dessous de zéro sont rares, et de courte durée. Sauf en montagne et peut-être dans l’est, il n’y a pas de nécessité à utiliser une huile prévue pour des températures intérieures à – 10°.

La Kadett B a donné naissance à l’Olympia. Version « améliorée », avec un arrière « fastback » pas particulièrement réussi. Les ajouts de finition, le toit en vinyl, l’intérieur surchargé n’arrangent rien. En France les Olympia ont été diffusées avec le moteur 1100 SR du coupé rallye, ou les 1700 et 1900 de la Rekord. Elle se sont mal vendues. Aujourd’hui le modèle est devenu intéressant.

L’Olympia conservait le réservoir de 40 litres de la Kadett, qui devait être assez juste avec le 1900 cc de la Rekord.

La photo est trompeuse, cette Olympia n’est pas dans un état impeccable. Mais elle roule ! Je ne me souviens pas que ce rouge ait figuré au catalogue Opel à l’époque.

Je ne dirais pas de mal de l’Olympia, c’est à une Olympia que ma Caravan type B doit son pare-choc arrière (le pare-choc d’origine avait été endommagé en 1977).